2018_Blanc Mémoire

Une mise en création du public grâce à un dispositif constitué de documents formant une archive spécialement réalisée pour la pièce et enrichie par le public lui-même.

Conception et réalisation : Manon Hotte et Dorothée Thébert

LIRE  Autour de Blanc Mémoire conférence de Manon Hotte à la Fondation Jean-Pierre Perreault à Montréal, Qc


Blanc Mémoire

Blanc Mémoire est une proposition issue de la rencontre entre deux femmes, l’une chorégraphe, l’autre photographe et metteure en scène. Ensemble, elles ont partagé des questionnements sur leurs pratiques et ont ouvert un dialogue sur le rôle que la mémoire et ses traces jouent dans la mise en création artistique. Leur point de départ a été Création, semis et palabres _Fonds Manon Hotte que la chorégraphe a finalisé en 2017 à partir de sa carrière de chorégraphe et pédagogue. Ce fonds d’archives a la particularité de révéler avant tout les processus de création, sans viser uniquement à la conservation de l’œuvre aboutie. Le second intérêt de Manon Hotte et Dorothée Thébert porte sur une possible mise en création du public et la question du théâtre comme un lieu d’échange et de partage. De cette recherche a émergé Blanc Mémoire, une installation-archive qui s’active grâce à la présence et aux réflexions du public et qui invite celui qui s’y engage à appréhender le temps de la lecture, de l’observation, de l’expérimentation, de la présence corporelle, autant d’éléments constitutifs de la création.

Chaque jour, le public est accueilli pour le temps qu’il souhaite dans le cadre des trois heures d’ouverture journalière. Il est accompagné dans l’installation-archive constituée d’extraits de documents issus de territoires qui réunissent de la documentation sur les productions antérieures des deux artistes et sur leur recherche commune pour la réalisation de Blanc Mémoire (lectures stimulantes, images glanées, réflexions personnelles).

Ensuite, le public est encouragé à se déplacer à son rythme dans l’installation pour effectuer différentes actions telles que fouiller parmi ces documents, lire, écrire, afficher, observer, se mettre en mouvement, discuter, partager. En s’appropriant ces déclencheurs mis à sa disposition, il est amené à faire émerger ses propres souvenirs en lien à l’art pour ensuite les mettre à leur tour à disposition sous forme de témoignages, constituant ainsi une archive commune sur le lien entre les traces, la mémoire et la création.

Cette installation-archive est une proposition évolutive qui nécessite la présence du public pour la nourrir de ses propres documents réalisés sur place mais aussi pour être observée à la manière d’un photographe, comme une chorégraphie. En permettant à tout corps d’exister dans un espace de création, peu importe son statut de danseur ou non, Blanc Mémoire rend ainsi l’acte de création intime et universel à la fois.

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Blanc Mémoire a été présenté en première au Théâtre du Galpon en mai 2018 dans le cadre de Présent continu une pièce réunissant 3 créations distinctes. Depuis Blanc Mémoire poursuit sa route:

"Nous avons retenu la forme de la publication comme possibilité de trace pour notre création Blanc Mémoire. Dans cette perspective nous souhaitons recréer la pièce dans différents contextes permettant d’aborder d’autres publics que notre installation-archive peut intéresser. Chaque recréation offre ainsi la possibilité de récolter des témoignages portant des visions distinctes sur la notion de la trace, de la mémoire et de l’art."

Manon Hotte et Dorothée Thébert

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Dialogue du 16 janvier 2017 entre Dorothée et Manon

- Tu sais, ce que j’aimerais vraiment, c’est pouvoir partager avec le public tous nos documents, nos lectures, nos discussions !

- Tu veux dire, lui mettre à disposition nos stimulis, nos références et notre travail ?

- Oui, comme une sorte de banque de données dans laquelle il pourrait puiser et s’inspirer…

- Oh oui, je vois ça ! Et du coup, il pourrait écrire les bouts de phrases qui le marquent ou les pensées qui lui apparaissent sur une petite carte…

- Bonne idée, comme ça, il laisserait une trace de son parcours dans cet espace.

- Tu lis dans mes pensées! Et on pourrait même lui demander d’accrocher ces phrases sur des fils pour donner un peu de mobilité à ses écrits

- Ouiiii ! Et ces fils seraient accrochés un peu partout dans l’espace, comme ça, il serait obligé d’enjamber, de se faufiler, de ramper…

- Excellent ! Ce qui est bien dans ta proposition, c’est de penser au corps, aussi. De ne pas être que dans l’écrit…

- En fait, ça serait une sorte d’installation qui mettrait en mouvement les corps et les pensées, et ce serait ça la chorégraphie !

- Donc, cette installation, on pourrait alors aussi bien la vivre que la regarder…

- C’est pas pour rien qu’on travaille ensemble, une chorégraphe et une photographe !

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©Elisa Murcia Artengo et Dorothée Thébert

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